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Depuis la célèbre expérience de la "soupe primitive", réalisée à Chicago en 1953 par Stanley Miller, le processus d’apparition et de développement de le vie ne cesse de révéler son infinie richesse et sa complexité étonnante.Des scientifiques ont pu récemment mettre en évidence la présence de vie microbienne dans un sédiment profond daté de 3,5 millions d’années et soumis à une température de 55°C. Sachant que la couche sédimentaire peut atteindre jusqu’à 10 km d’épaisseur, l’abondance de la vie microbienne souterraine serait telle que 10 % du carbone organique et les deux tiers des
procaryotes pourraient être contenus dans les sédiments marins.
Une étude publiée dans Science présente les premières preuves de vie procaryote dans des échantillons de sédiments marins situés à une profondeur de 1 626 m sous la surface du sédiment, datés de 111 millions d’années et soumis à une température de 60 à 100°C. L’observation de l’abondance des cellules en division, de l’intégrité de la paroi cellulaire des microorganismes et la présence de séquences d’ARNr 16S originales affiliées à des Archaea thermophiles (Thermococcales) confirment l’existence d’une biosphère profonde et chaude constituée de micro-organismes endémiques. Il semble que cet écosystème profond, composé de procaryotes affiliés à des méthanotrophes (ANME), pourrait être alimenté par des composés d’origine thermogénique comme le méthane et l’hydrogène.
En 1977, de nouvelles formes de vies surprenantes, non liées à la photosynthèse, avaient déjà été découvertes : à 2500 m de fond sous l’océan, près de sources hydrothermales chaudes. Il s’agit d’étonnants vers tubulaires, les riftia, qui supportent une pression de 250 atmosphères, des températures de plusieurs centaines de degrés et vivent dans un environnement acide et riche en gaz toxiques.
Un nouvel écosystème a été par ailleurs découvert en 2005 sous la calotte glaciaire Antarctique, dans les fonds marins, à 850 mètres de profondeur. C’est ainsi qu’ils ont eu la surprise de voir que des bactéries et des coquillages peuplaient cet endroit peu propice à la vie. Plus récemment, des bactéries ont été identifiées encore plus profondément dans la glace de l’Antarctique, à plus de 3 km de profondeur !
Mais si la vie est partout sur Terre, y compris dans les endroits où règnent les conditions les plus extrêmes, elle est également présente, à l’état latent, dans l’espace. Depuis 1965, plus de 140 molécules ont été découvertes dans l’espace, à l’intérieur de nuages interstellaires et dans des enveloppes autour d’étoiles et une grande partie de ces molécules est organique. Les astronomes ont ainsi détecté la molécule à 8 atomes du sucre glycolaldehyde à l’intérieur du nuage Sagittarius B2. Ces nuages qui s’étendent sur plusieurs années-lumière sont la matière brute à partir de la laquelle se forment des étoiles et le système planétaire susceptible de les entourer. Ce n’est pas la première fois que du sucre est détecté dans l’espace mais cette nouvelle découverte prouve que le sucre existe à une température extrêmement basse — seulement 8 degrés au-dessus de l’absolu zéro.
En mars 2008, une équipe franco-australienne a détecté pour la première fois une molécule proche chimiquement d’un acide aminé : l’aminoacétonitrile. Cette découverte est d’autant plus spectaculaire que la molécule est probablement un précurseur direct de la glycine, acide aminé essentiel et élément constitutif de la vie.
Depuis quelques semaines, la sonde ultra-sophistiquée Phoenix Lander utilise son bras robotisé pour creuser le sol jusqu’aux couches d’eau gelée. La sonde est en train d’analyser la nature du permafrost martien, en cherchant notamment des molécules de carbone et d’hydrogène essentielles à la vie. Mais la mission la plus prometteuse, totalement dédiée à la recherche de vie martienne est
Exo-Mars, un projet de l’Agence spatiale européenne (ESA), avec un robot équipé d’une foreuse et d’un microscope, de détecteurs d’acides aminés. Ce robot devrait atteindre Mars en 2015 et pourrait nous réserver bien des surprises !
Mais même si on ne trouve pas de vie sur Mars, cela ne signifie pas qu’en dehors de notre système solaire la vie n’existe pas sur d’autres planètes. En un peu plus de 15 ans, plus de 250 planètes extrasolaires ont été découvertes et en avril 2007, de
la vapeur d’eau a été découverte pour la première fois dans l’atmosphère d’une exoplanète.
Enfin, il y a quelques jours, des scientifiques européens ont découvert trois "super-Terres" en orbite autour d’une étoile relativement proche de nous, et de deux autres systèmes solaires dotés de petites exoplanètes. Ces découvertes suggèrent que les exoplanètes ayant des caractéristiques voisines de celles de la Terre sont peut-être en réalité courantes dans l’univers.
Vers 2025, la mission
"Darwin", encadrée par l’Agence spatiale européenne sera en mesure d’analyser directement la lumière des planètes pour en déduire des informations sur la composition chimique de l’atmosphère et en déduire la présence possible de la vie.
Nous savons à présent que la vie peut naître, se développer et perdurer dans des conditions extrêmement hostiles et que ses capacités d’adaptation sont absolument prodigieuses. Aujourd’hui, aucun scientifique ne se hasarderait plus à fixer des limites aux conditions nécessaires à l’apparition, à l’essor et à la complexification de la vie et il y a donc fort à parier que, dans les décennies à venir, nous découvrions de nouvelles formes de vie inattendues sur notre planète et peut être, ce qui serait encore plus extraordinaire, des traces de vie sur d’autres planètes.
Nous devrions enfin, au cours des prochaines décennies, savoir si la vie est finalement relativement banale dans l’Univers. Si tel est le cas, la vie n’est-t-elle, comme l’écrivait Jacques Monod, il y a 40 ans, que le "produit du hasard et de la nécessité" ou faut-il intégrer le phénomène vivant à la question troublante et très débattue de l’ajustement fin des constantes physiques fondamentales de l’Univers qui semblent être réglées de telle manière que l’apparition de la vie soit probable ?