Bonjour à tous ,
CROP CIRCLES 2006
Plus tardifs. Moins nombreux, mais si beaux !
Illusions d’optique, effets de tunnel temporel, fractales, paraboles…, la moisson d’agroglyphes 2006 nous a gratifiés de plusieurs chef-d’œuvres saisissants. Mais cette qualité ne rassure pas tout à fait les passionnés, inquiets devant la nette baisse d’activité enregistrée cette année. Doit-on parler de déclin du phénomène ou simplement d’une « pause » causée par la sévère sécheresse subie par l’Angleterre cet été ? Réponse en 2007.
Chaque été depuis maintenant une vingtaine d’années, des dizaines de crop circles ou agroglyphes (ou encore « glyphes ») apparaissent dans des champs du monde entier, avec une nette prédilection cependant pour l’Angleterre. Cette année, la moisson 2006 a été plutôt tardive au royaume des crops. Alors que les premiers spécimens apparaissent couramment en avril, il a fallu attendre le 21 mai pour assister aux premières floraisons. Les passionnés, appelés « cropies », se souviendront peut-être qu’en 1990, la saison avait également commencé très tard, vers le 23 mai. En fait, la toute première manifestation de cette année en Angleterre a été un logo tracé de main d’homme pour un quotidien du Wiltshire le 18 mai… Passons sur ce coup de marketing pour nous intéresser au (vrai) premier crop 2006 : hélas, pas de quoi faire une carte postale ! Il s’agit d’un anneau assez grossier dessiné dans un champ de colza à Alfriston, dans l’East Sussex. L’activité a été plus précoce dans d’autres pays comme l’Italie ou l’Australie (premiers agroglyphes le 29 mars à Conondale, Queensland), alors que dans les régions les plus réceptives du Royaume-Uni, rien n’est apparu avant la mi-juin. Les spécialistes du phénomène ont même été assaillis d’emails de cropies franchement inquiets. Diverses explications ont été envisagées : le climat, les changements du champ magnétique terrestre, le découragement des aliénigènes et... bien sûr, la lassitude des faussaires. Curieusement, on a rarement évoqué l’explication la plus plausible : la baisse de la nappe phréatique. On sait que la majorité des agroglyphes se concentre sur les principales zones aquifères et que la nature même de l’eau contribue à leur création. Or en 2006, le Royaume-Uni a subi la plus grande sécheresse depuis 1976…
Inévitablement, quelques « planchistes » [humains désœuvrés réalisant des crops à l’aide de planches et de cordes] – qui tentent toujours de persuader le monde qu’ils sont seuls responsables du phénomène – se sont sentis contraints de s’expliquer sur la faiblesse de « leur » production. On a parlé, entre autres, de rhumes des foins, jusqu’à ce qu’un fait divers providentiel vienne tout expliquer… : le suicide, au printemps, d’un homme du Wiltshire, parfaitement inconnu et pourtant « réputé » avoir participé, depuis des années, à la création d’un certain nombre de cercles. Ainsi, la baisse d’activité des planchistes n’était pas tant due au coryza qu’à une certaine démobilisation. On tenait là la véritable cause du déclin du phénomène des crop circles.
Les plus beaux spécimens
Très vite, tandis que les journaux anglais titraient sur la fin des agroglyphes, leur nombre s’est mis à augmenter, et les champs ont commencé à s’orner de dessins éclectiques et inspirés, échappant aux médias. Une vive activité s’est même produite au mois de juin dans les comtés jusqu’ici moins visités du Norfolk et du Kent, mais c’est le 30 juin, à Avebury Trusloe, dans le Wiltshire, qu’est apparu le premier chef-d’œuvre de la saison : un double « tunnel temporel » d’anneaux décentrés produisant un fascinant effet d’optique . Un certain nombre de motifs similaires sont apparus par la suite dans le Wiltshire, notamment à Savernake Forest le 8 juillet , à Aldbourne le 11 et à Straight Soley le 20.
Citons parmi les agroglyphes de juillet, trois motifs impressionnants apparus dans la nuit du 8 : une composition de type « flocon de Von Koch » [Ndt. : fractale] à Boxley, dans le Kent (sans doute le plus beau glyphe jamais vu à ce jour dans ce comté) ; un emblème énigmatique en forme d’éventail de plumes non loin du Cheval de craie blanche à Uffington, dans l’Oxfordshire ; et, à moins de deux kilomètres de là, à Wayland Smithy (où sont apparus les meilleurs agroglyphes de 2005), le glyphe qui marquera sans doute le plus les esprits cette année : un stupéfiant déploiement radial de prismes en perspective à partir d’une étoile centrale dentelée. Ce dernier motif, d’un style inhabituel, a soulevé de nombreuses spéculations : certains ont même évoqué une explosion entre des tours… Pour sa part, le Daily Mail du 11 juillet a exprimé son admiration devant ce spécimen… avant de sonner le glas du phénomène trois semaines plus tard (le 29 juillet). Comme pour soigner cette amnésie, l’été a apporté d’autres surprises : le 2 juillet, non loin du célèbre cercle de pierres de Rollright, dans l’Oxfordshire, a surgi un beau motif floral ennéagonal, tandis que le 23 juillet, le site de Cheesefoot Head, dans le Hampshire, très visité dans les années 80, a été gratifié d’un mandala à neuf branches.
Le 6 août, à Blowingstone Hill, près de Kingston Lisle, dans l’Oxfordshire, (un comté particulièrement gâté cette année), un style de dessin inhabituel a fait son apparition : il s’agit d’un énorme motif à six branches « paraboliques » pour certains. [Ndt. : Chaque secteur résulte du glissement d’une génératrice droite sur deux directrices sécantes et la courbe-enveloppe qui en résulte est un « arc d’astroïde ». Cela correspond aussi à la projection latérale d’un paraboloïde hyperbolique, bien connu en architecture]. Cette épure, qui génère un joli et fascinant damier, est très difficile à dessiner. [Ndt. : dans un champ de blé à cette échelle, pas sur papier…]. Un motif similaire, à quatre branches, s’est formé le 15 août à Etchilhampton, et ce fut la dernière formation au moment d’écrire ces lignes.
Andy Thomas est l’un des principaux chercheurs au monde sur le sujet. Il est l’auteur de cinq livres, dont Vital Signs, considéré comme le guide le plus fondamental
http://www.vitalsignspublishing.co.uk
Andy est également le web master du site web http://www.swirlednews.com/
Il peut être joint sur info@swirlednews.com ou à l’adresse : Swirled News Southern Circular Research, 3 Old House Courtyard, Southern High Street, Lewes, East Sussex BN7 1HT, UK.
Reconstruction géométrique d’un Crop
Le scientifique hollandais Zef Damen propose depuis quelques années sur son site des reconstructions pas à pas de crops circles, un exercice qui met en évidence la cohérence géométrique des figures. Exemple avec l’un des crops les plus spectaculaires de l’année, apparu le 8 juillet 2006 à Wayland Smithy, dans le comté d’Oxfordshire, en Angleterre.
Les agroglyphes apparaissent sous des modèles très variés, depuis de simples ensembles de cercles jusqu’à des motifs très complexes.
Une « reconstruction » permet une meilleure compréhension du « design » de la formation. Bien que très excitante à effectuer, cette analyse ne prétend pas expliquer la manière dont les crop circles sont réalisés sur les cultures de plein champ. En suivant le processus de mes reconstructions géométriques, vous pouvez vous rendre compte de la nécessité de retirer les lignes superficielles, ce qui s’avère totalement impossible sur le terrain. Deux méthodes : il existe au moins deux façons de réaliser de telles reconstructions : la première consiste à mesurer précisément le dessin de la formation pour les reproduire le plus exactement possible en tenant compte de l’échelle. Il est préférable de s’aider d’une photo aérienne afin de ne pas avoir à effectuer les mesures sur place, mais une attention particulière doit alors être accordée aux déformations dues à la perspective occasionnée par le fait que les photos ne sont jamais prises exactement à l’aplomb de la formation. La seconde, qui a ma préférence, n’est pas seulement basée sur les mesures, s’effectue étape après étape et tente de retrouver les relations entre les parties constituant le design final. De nombreux motifs manifestent une cohérence interne si fascinante, qu’ils constituent autant d’invitations à les décoder. La règle associée au compas est l’outil essentiel de cette méthode. À l’inverse d’une utilisation séparée basée sur les mesures en unités métriques, l’association au compas met en évidence la cohérence des proportions, reproduites par le rayon de cercles, la règle n’étant utilisée que pour tracer les lignes reliant points d’intersections, tangentiels ou centres des cercles. Toutes les figures géométriques ne peuvent pas être reproduites par cette méthode. Par exemple, un heptagone régulier (polygone à sept côtés), ne peut être réalisé de cette manière.
Deux outils : en premier lieu, j’utilise MS Word pour insérer la photo aérienne en arrière plan et dessiner en surimpression et le plus précisément possible les lignes et les ellipses de la figure. Ceci permet de se faire une idée des relations internes au motif et de prendre des mesures. J’effectue ensuite la reconstruction sur le logiciel AutoCAD, parfaitement adapté au travail associant compas et règle, en dépit du fait qu’il fonctionne intrinsèquement sur un mode totalement numérique.
Pour les besoins de la reconstruction, il permet l’utilisation de toutes sortes de points spéciaux (calculés avec une très haute précision), comme les intersections, les centres, les points tangents, les points de fin, ou de milieu, etc. Tous ces points trouvent une contrepartie associant compas et règle.
Pour l’ensemble du processus : http://www.zefdamen.nl/CropCircles/Reconstructions/2006/WaylandSmithy06/waylandsmithy2006en.htm.