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Longtemps avant et après l'érection des mégalithes, Stonehenge aurait servi de lieu de sépulture. C'est ce que révèle une datation au radiocarbone de plusieurs ossements. Mais le privilège de reposer là était sans doute réservé à une élite.
Le célébrissime site de Stonehenge, en Angleterre, composé d'un ensemble circulaire de mégalithes érigés il y a plus de trois mille ans, continue à livrer ses secrets au compte-gouttes. On savait déjà que ce monument, dont l'édification s'est étalée sur au moins 1.700 ans, entre -2.800 et -1.100 ans, a servi de lieu de sépulture. Mais on pensait que cette fonction de cimetière n'avait duré qu'un seul siècle, entre -2.700 et -2.600 ans, avant que les premiers mégalithes (
sarsens) soient installés, vers -2.500, une datation reposant sur l'étude des blocs de grès amenés d’une carrière voisine. Le site aurait ensuite servi à des rituels, voire à des observations astronomiques pour déterminer solstices et équinoxes.
Site de Stonehenge, avec l'emplacement des trous d’Aubrey (en blanc). Source : CommonsUne équipe d’archéologues de l’université britannique de Sheffield, conduite par les professeurs Mike Parker-Pearson et Andrew Chamberlain, a voulu préciser cet aspect méconnu de Stonehenge. Pour la première fois, des ossements provenant du site ont été soumis à une datation au carbone 14. Le magazine
National Geographic (qui soutient ce travail) publie les résultats dans son édition de juin. Ces restes avaient été exhumés dans les années 1950, et conservés dans un musée de Salisbury.
L'
université de Sheffield présente une synthèse de ce travail, qui démontre une utilisation bien plus longue pour les inhumations.
Les plus anciens restes humains ont été découverts dans un des
trous d’Aubrey (
Aubrey Holes), ainsi nommés en souvenir d’un archéologue du XVIIe siècle. Il s’agit d’un cercle de 86,6 mètres de diamètre composé de 56 puits aux parois verticales de 75 à 150 cm de diamètre pour 60 à 120 cm de profondeur, tracé à l’intérieur du talus d’enceinte principale. La plupart ont été fouillés et sont aujourd’hui comblés (pour éviter les pillages). Leur emplacement est néanmoins marqué d’une pierre de craie blanche.
Une tombe royale ? Cette dépouille consistait en un petit tas d’os carbonisés et quelques dents, ainsi que divers objets (épingles, silex taillés), dont la datation révèle un âge compris entre 3.030 et 2.880 avant notre ère, soit l’époque où les premiers éléments extérieurs du monument ont été tracés au sol mais bien avant que les premiers mégalithes soient érigés.
Les deuxièmes ossements sont ceux d’un adulte incinéré entre 2.930 et 2.870 années avant notre ère, tandis que les plus récents sont ceux d’une femme âgée de 25 ans au moment de son décès, qui remonte à une époque située entre 2.570 et 2.340 années avant notre ère, correspondant à la date d’érection des premiers mégalithes (les
sarsens).
Ce n'est donc pas durant un siècle mais pendant cinq cents ans que Stonehenge aurait été utilisé comme lieu d'inhumation. Le nombre de sépultures est d'ailleurs élevé. Bien que 49 tombes semblables aient encore été découvertes depuis les années 1920, les restes d’ossements avaient été remis en place car les chercheurs de l’époque les estimaient sans valeur scientifique. Les archéologues modernes pensent aujourd’hui que les restes incinérés d’environ 240 personnes devraient être ensevelis dans le site.
Si l'on en juge par le nombre et la disposition des tombes, il est envisageable que le site de Stonehenge ait été consacré à l’ensevelissement rituel d’une famille d’élite et de ses descendants, peut-être une famille régnante. Le petit nombre d’enterrements dans la période la plus ancienne et leur augmentation au cours du temps correspondent à l’accroissement logique de la descendance et constitue un indice en faveur de cette hypothèse.